La vie d’expatrier est une aventure à laquelle on n’est jamais réellement préparé. Malgré les recherches, les préparatifs et le temps passé à s’imaginer tous les scénarios possibles, rien ne nous prépare à toutes les émotions par lesquelles on passe. Notre vie, notre routine, notre cercle. Tout est chamboulé. Qu’on soit immigré ou expatrié, on évolue, on se cherche, on se réinvente. Une part de nous se trouve ici, une autre part se trouve ailleurs. Notre adaptation nous emmène dans une vie d’expat où l’on accepte qu’on ne sera jamais plus jamais vraiment, ni ici, ni ailleurs.
Le mal du pays lors d’une expatriation
Alors que j’évoluais dans ce nouvel environnement, je découvrais jour après jours, des facettes de ma personnalité que je ne connais pas encore. Avancer dans ce nouveau pays m’a permis de voir mes forces et mes faiblesses. J’ai appris à m’affirmer et à être fière de cette que je devenais. Mais cela impliqué aussi de dire petit à petit au revoir à la personne que je connaissais.
Quand on vit loin, le regard que l’on pose sur le monde change. Ce n’est pas immédiat, mais avec le temps, les habitudes, les saveurs et les sons qui nous entourent prennent un autre goût. On devient observateur de soi-même, on perçoit la façon dont on apprend de chaque expérience… ou résiste. Dont chaque nouvelle journée où chaque nouvelle rencontre nous modifie subtilement. C’est un peu comme être témoin de sa propre métamorphose, une lente alchimie intérieure que l’on vit en silence et sur laquelle il est difficile de poser de mots.
Revenir chez soi, « à la maison », devient étrange. On se retrouve dans des rues que l’on connaît par cœur, mais on les redécouvre avec le sentiment d’être devenu un visiteur. Touriste de sa propre ville. Les rues, les visages et les voix d’avant semblent familiers, mais un écart se creuse. Nos parents ont vieilli, on ne comprend pas les private jokes de ces amis dont on était si proche. Et on craint de passer pour un vantard en parlant trop souvent de cette vie d’expat que personne ne comprend. Ce décalage nous échappe, comme si quelque chose d’invisible nous rappelait que le temps, la vie continue, sans vraiment nous attendre.
Retrouver ses repères à l’intérieur de soi
Peut-être avez-vous, vous aussi, ressenti cette dualité. Que vous êtes demandé où était réellement votre maison. Pour répondre à cette question, j’ai compris que l’ancrage ne devait pas venir de l’endroit où on se trouve, mais que cela devait venir de quelque chose de plus subtile. Presque immatériel. L’expatriation nous pousse à trouver notre refuge en nous-mêmes, à faire de notre propre esprit et notre cœur notre lieu d’attache. Notre « chez soi » se niche dans nos cœurs ». Le défi étant de se sécuriser sans la présence de visages familiers ou d’un ancrage unique.
On réalise que l’on peut se sentir chez soi partout et nulle part à la fois. Une vie d’expatrié n’est ni ici, ni ailleurs, mais un endroit en nous que l’on emporte partout où on se trouve.
Construire son identité sans se définir par lieu
Avec le temps, j’ai fini par accepter cette liberté étrange, parfois un peu effrayante, de n’appartenir pleinement à aucun pays. C’est une liberté qui ne s’explique pas, mais qui s’apprivoise, et qui laisse place à une forme de qu’inquiétude, mais aussi à une forme de paix : celle d’être à la fois partout et nulle part. «Ni ici, ni ailleurs » . Notre vie devient alors une balance qui doit trouver son équilibre entre ce que l’on est, ce que l’on a été et ce que l’on choisit de devenir.
Vivre à l’étranger nous enseigne à ne pas chercher la sécurité dans un point fixe sur une carte, mais dans une capacité à rester nous-mêmes. À vivre en étant intègre et fidèle aux valeurs qui sont les nôtres. C’est accepter de grandir sans perdre notre essence, son authenticité. C’est élargir son monde intérieur pour que, quelle que soit notre destination, nous nous sentions chez nous autant ici qu’ailleurs.
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