Chère dépression,
J’ignore si je dois te remercier ou te détester… Te détester pour m’avoir emmené si loin dans les abîmes et tenté de m’y retenir. Ou te remercier de m’avoir forcé à affronter ce que j’avais enfouis au plus profond de moi durant tant d’années.
En un sens j’ai envie de te prendre dans mes bras et de t’embrasser car aujourd’hui je ne te crains plus. Je t’ai fait face, je me suis battue, j’ai lutté et tenté d’être plus forte que toi. Jusqu’au jour où j’ai compris que tu n’étais pas mon ennemie. Tu étais bien plus.
Tu as été le cri d’alerte de mon être intérieur. Cette voix que j’étouffais et que je refusais d’écouter car j’avais trop peur de regarder mes vérités en face.
Pour être honnête, je n’étais pas préparée à notre rencontre. Un matin tu as frappé à ma porte et tu t’es installée chez moi. Et tu y es restée 9 longs mois. Ni la musique, ni les films, ni le sport, ni la fête, ni les livres n’ont réussi à te faire partir. Tu étais bien trop déterminée à me montrer ce que je devais voir.
Ces 9 mois de cohabitation avec toi on été longs… très longs. Le plus dur je pense à été de cacher ta présence chez moi.
J’ai appris à faire semblant.
Semblant de rire, semblant de sourire, semblant d’apprécier la nourriture, semblant d’aller bien quand au fond j’étais même trop épuisée pour pleurer.
Semblant.
Jusqu’au jour où je n’ai plus eu la force de prétendre. Tu ne m’as laissé aucune chance. Et plus le temps passait, moins je voyais les couleurs. Moins la nourriture avait de goût, moins je sentais le parfum des choses. Moins j’avais de raison de sortir de mon lit. Moins j’avais de raison de répondre au téléphone. Et plus tu m’isolais.
Peut-être ai-je eu le syndrome de Stockholm puisqu’à la fin, je recherchais ta présence. Je n’essayais même plus de te chasser. Je t’ai fait une place auprès de moi.
Puis un jour, alors que tu pensais pouvoir m’entraîner encore plus loin dans les tréfonds de ma détresse, j’ai fini par te voir telle que tu es : Une petite fille apeurée. Qui a peur de la vie. Peur du monde et peur d’être blessée.
J’ai compris que je n’avais pas à te combattre. Mais que je devais te comprendre. J’ai compris que ma détresse était aussi la tienne. Alors je t’ai écouté. Et tu m’a confié tes souffrances, tes chagrins, tes peurs, tes rêves, tes besoins et tes espoirs. Et je t’ai confié les miens.
Et petit à petit on a fini par se comprendre. J’ai admis mes torts et tu as cessé de me les reprocher. Je t’ai promis de ne plus t’ignorer et tu as promis de ne plus me torturer.
Aujourd’hui je continue à tenir ma promesse. Je reste à l’écoute. Je n’essaie plus d’être parfaite. Et tu continues à me guider quand je ne sais pas quel chemin choisir.
Je pense que même si je le voulais je ne pourrai jamais oublier ce sentiment de détresse. La sensation de se noyer, la boule au ventre, les idées noires qui m’ont traversé l’esprit.
Mais grâce à ces souvenirs bien présents, je prends maintenant le temps d’apprécier la vie et de lui sourire.
Chère dépression, aujourd’hui je vais bien et je ne fais pas semblant.
Au plaisir de ne jamais te revoir.
Cordialement,
Prescillia
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À tous ceux qui comme moi vivent une période douloureuse, sachez que vous n’êtes pas seuls. Le meilleur et unique conseil que je vous donnerai serait de consulter un professionnel. Ne restez pas isolés et parlez avec une personne compétente et neutre.
Même avec la meilleure volonté la famille et les amis ne sont pas toujours ceux qui pourront vous apporter l’aide la plus efficace.
J’ai pris le temps de confier mon mal-être à une oreille professionnelle et c’est de loin la meilleure décision que j’ai pu prendre dans ma vie.
Comme je l’ai écrit dans ma lettre, les séquelles d’une dépression longue ne partent jamais vraiment.
Je décrirais ça comme le sentiment d’être toujours au bord du précipice. On a l’impression qu’un coup de vent peut nous faire basculer à nouveau mais en vérité nous sommes bien plus solides qu’il n’y paraît. On en sort grandi.
Il n’y a aucune honte à ressentir et encore moins à vouloir demander de l’aide. Peut-être vous êtes vous reconnus dans cette lettre, et si c’est le cas je vous souhaite sincèrement d’aller mieux.
Le chemin de la guérison est propre à chacun mais retenez qu’il est possible d’aller mieux et qu’il y a toujours un moyen de s’en sortir.
Je vous aime et vous soutiens.